Yuga s'était séparé de Flandre quelques temps, pour trouver de son côté un remède concernant Remilia. Il tenait fermement le tableau de la demoiselle sous son bras et marchait dans ce pays futuriste qu'était Neo-Tellius. Il n'avait en vérité pas grande idée d'où chercher. Le monde était vaste, en particulier Next Wave, dont les îles étaient toutes plus étendues les unes que les autres. Il s'arrêta quelques instants face à un groupement d'usines et soupira. Ce n'était pas ici qu'il trouverait quoi que ce soit. En vérité, il était totalement démotivé à cette idée. Pourquoi faisait-il ses quatre volontés ? Et d'ailleurs, qu'est-ce qui l'empêchait de jeter le tableau à la poubelle, là, tout de suite ?
Il s'assit sur le trottoir et posa la toile à côté de lui, les coudes sur les genoux et les poings contre ses joues, soupirant de tout son être. Il ne fallut que quelques secondes pour qu'une ombre passe derrière lui et lui grappille le tableau, filant à toute vitesses sans se faire remarquer. La brise générée par la vitesse du pickpocket réveilla Yuga qui mit quelques secondes à comprendre ce qu'il venait de se passer.
Son teint devint plus livide, à mesure qu'il se rendait compte de ce qui venait de se produire.
Malheureusement, il était perdu. Il ne savait pas où il se trouvait, il ne savait pas comment il avait fait pour sortir de cette pizzeria dans laquelle il avait été une attraction pendant de nombreuses années pour finir finalement oubliés à plusieurs reprises et encore moins comment il était arrivé à cette terrible situation. Il était arrivé dans un endroit bien étrange, qui lui était inconnu, dont les gens étaient différents les uns des autres et surtout de tous ceux qu’il avait autrefois connu. Peut-être aurait-il été plus calme, moins peureux si jamais il avait eu la chance d’être sorti de cette boîte en compagnie de ses amis mais… malheureusement il lui semblait que la chance n’était pas de son côté, le laissant une nouvelle fois seul sans aucun camarade. Plus surprenant que sa présence en ces lieux : il se trouvait être dans la capacité de changer de forme à sa guise, ou du moins presque. Avec plusieurs essais il avait bien fini par comprendre que ses transformations le fatiguaient et qu’il ne devait pas en abuser.
Peut-être devait-il se réjouir d’une telle situation : il pouvait sortir, se promener, prendre l’air et vivre librement comme il l’avait toujours espéré mais voilà que le simple fait de vivre sans un adulte pour prendre soin de lui, aussi bâtard qu’il soit, le mettait mal à l’aise. Il n’avait que treize ans, ou du moins était mort à ce jeune âge en ayant été tué par son père, et jamais il n’avait eu à gagner son pain de lui-même car en effet son réveil dans cet endroit lui offrait une nouveauté : celle de devoir entretenir son corps. Ainsi donc devait-il se nourrir lorsqu’il n’était pas sous sa forme robotique. Jack tenta à plusieurs reprises de trouver du travail mais personne ne le prenait à cause de son jeune âge ou bien de son handicap avec le crochet lorsqu’il était un animatronique ou bien un hybride. Alors il s’était décidé à mendier mais il y avait si peu d’âmes charitables qu’il dû décider de fouiner un peu quelques poubelles ou encore à voler. Tel était son gagne-pain mais aussi la vie qu’il détestait commencer à mener. Il aurait préféré être envoyé au Ciel voire même en Enfer pour tout ce qu’il avait fait à son petit-frère mais également pour avoir achevé son paternel, mais non ; alors qu’il pourrait tout pleinement profiter de cette nouvelle vie il était restreint à devoir gagner sa pitance en jouant les clochards.
Se promenant sous forme de jeune enfant de treize ans, le regard livide et surtout essayant de trouver quelques points positifs quant à sa mésaventure, Jack serrait ses bras contre lui en essayant de se réchauffer le corps. Peut-être devrait-il devenir animatronique un certain temps voire à jamais pour fuir comme un lâche la faim, la soif, la fatigue et le froid qui pouvaient le tirailler, mais il avait envie de profiter de pouvoir être à nouveau « humain » le plus possible et ce malgré ses états d’âmes. S’ajoutaient en plus de celles-ci ce sentiment d’insécurité et qu’à chaque instant le danger pouvait le menacer. Il fallait donc qu’il reste sur ses gardes afin de ne pas se faire enlever par un homme aussi taré que son paternel voire pire. Au bout d’un moment il aperçut un homme avec un tableau, sans doute un peintre. Il s’arrêta un instant et l’observa, tenté de se coller à lui pour essayer de soutirer son portefeuille. Mais au final il se dit qu’il n’avait pas à vouloir du mal à un inconnu et que lui faire la mendicité serait peut-être plus aimable que de voler un artiste qui devait déjà vivre dans la pauvreté car selon lui, et sans doute parce qu’on le lui a toujours répété, un artiste est toujours quelqu’un qui se ruine et qui ne devient riche qu’après sa mort. Alors qu’il allait s’approcher de cet étranger pour tenter de lui faire une bouille mignonne et lui demander de quoi vivre pour la journée, quelqu’un débarqua à toute allure et emporta le tableau, laissant ainsi le pauvre artiste. Au départ choqué, le rouquin fit de grands yeux avant de trouver finalement un remède à ses problèmes. Il se précipita en direction de la victime pour ensuite regarder en direction du voleur de tableau : il avait disparu.
« Si vous voulez monsieur, je vous aide à aller le chercher et même à lui faire sa fête, dit le petit Jack en regardant l’adulte. Mais bien sûr, comprenez que ce service demandé à un garçon de rue ne sera pas gratuit. Alors bien sûr… une ou deux pièces vous savez.. je ne serais pas contre. »
Il commence à avancer, comme si l’inconnu lui avait déjà accepté.
« Puis ce n’est pas en restant planté là que vous allez récupérer votre tableau. »
Serrant précieusement ton carnet contre ta poitrine, tu errais sans but dans ce curieux endroit. Ta mémoire essayais d'assimiler ce que tu voyais à des choses que tu aurais vu dans ton monde ou dans l'Autre monde. Aucune trace des gardiens non plus. Pas de lapin blanc dans un sale état, ni de chat aux propos qui avais la particularité de te mettre mal à l'aise.
Peut-être se sont-ils cachaient quelque part? Tu en doutes sincèrement. Mais cela ne t'empêche pas non plus de tenter de les retrouver. Tu n'osais plus trop ouvrir ton carnet depuis que les choses que tu dessinais prenez soudainement vie brièvement.
Dans ta petite marche, tu n'avais pas croisé grand monde, chose qui t'inquiétas légèrement. Dans quel endroit étais tu donc tombé? Le chat était passé par là déjà? Tu chassa quelques mauvais souvenirs, tandis qu'une lueur d'inquiétude avait finit par se glissé dans ton regard terne. Mais que pouvais-tu faire contre un créature aussi sournoise qui possède des capacités que tu ne peux contré? Rien. Absolument rien.
Ton regard finit par se poser sur une scène légèrement mouvementée. Quelqu'un venait de voler le tableau d'un...monsieur fort étrange. Un enfant borgne sembla se proposé pour offrir son aide.
Doucement, tu t'approchas aussi. Peut-être que tu pourra acquérir quelques réponses en aidant aussi. Même si à part jeter ton carnet sur le voleur...Mieux vaux éviter une scène autant ridicule.
- Est-ce que ce tableau est important pour vous?
Tu ne sais pas. Si cela n'avait pas d'importance, cela ne servirait à rien d'essayer d'aider pour rien. Du moins, c'est ce que tu pensais actuellement, sans doute à cause de l'influence qu'ont eu le lapin et le chat sur toi.
- Il n'a pas pu allez bien loin....
Tu finis par rejoindre l'autre enfant borgne. Tu te sentais presque un peu moins seul de voir quelqu'un qui devait avoir approximativement ton âge.
-Je vais aussi filé un coup de main...Mais je connais pas bien cet endroit par contre.
Yuga suffoquait. La disparition du tableau était inquiétante. Oui, très inquiétante. Si Flandre s'en rendait compte, il serait coupé vif, tranché en deux sans le moindre regret ! Il suait à grosses gouttes, d'autant qu'il n'avait pas même vu la tête du pickpocket. Il songeait déjà à s'enfuir loin et à ne plus jamais revenir dans les parages, lorsqu'un enfant roux lui proposa son aide, moyennant quelques pièces sonnantes et trébuchantes. Yuga l'observa sans dire un mot. Un deuxième enfant se proposa à son tour. Pouvait-il vraiment accorder une mission aussi importante à de simples marmots ?
Lorsque soudainement, il se souvint que sa première négligence l'avait amené à se retrouver aux prises d'une sale gamine. Il devait se méfier de tout le monde et une fois suffisait pour comprendre. Un grand sourire élargit ses lèvres. Il pouvait sans nul doute se servir de ces gosses à ses fins pour se venger, et après, c'est lui qui déroberait leurs bien !
Retenant son envie de rire aux éclats, Yuga toussa avec difficulté puis joua la comédie :
- Ooooh, mes enfants, vous êtes adorables... ce tableau représente tout pour moi, c'est tout simplement l'oeuvre de ma vie, celle qui me fait tenir lorsque le froid s'empare des rues~ BANDE DE PETITS CRÉTINS ! ~ je donnerais tout pour le tenir à nouveau dans mes mains ... aaaah ! Je suis malheureux, si malheureux !! Et je n'ai pas une pièce, pardonnez ma pauvreté ! Je ne suis qu'un clown triste qui souhaite peindre la vie !~ SALES GAMINS ! OBEISSEZ MOI AU DOIGT ET A L'OEIL ! ~
Il n'y a que des pauvres ici ! ...et des blondinets.-
Voilà, il aurait tellement pu avoir cette chance de devenir le héros de quelqu’un, de lui venir en aide en échange d’une misérable somme mais voilà qu’un blondinet arrivait pour proposer ses services et ce gratuitement. Le regard de Jack se posa sur l’inconnu en se demandant ce qui pouvait bien l’amener ici : s’il souhaitait jouer la concurrence, le rouquin était prêt à en découdre. Mais soudainement il se posa une question : est-ce que l’inconnu qui avait un air avec le camarade toujours à l’ouest placé près de la fenêtre venait tout juste d’arriver dans ce monde lui aussi ? Il n’avait pas ses parents à côté de lui... A moins qu’il n’ait le droit de sortir tout seul. Remarque, à douze ans, il a eu le droit de s’en aller au parc sans même attendre que son père ne lui donne son accord, sans doute parce qu’il s’en fichait d’un côté. En tout cas, si lui aussi était un enfant perdu sans doute devrait-il coopérer avec lui, d’autant plus que l’inconnu semblait être un peu plus âgé que lui en plus d’être plus grand.
Voilà que l’artiste se met aussitôt à parler comme s’il était un acteur. Ses mots ressemblaient énormément à ceux tout droit sortis d’une pièce de théâtre bien qu’il n’avait pas l’air net. Toutefois, il ne peut pas juger quelqu’un à son apparence d’autant plus qu’il venait tout juste de le rencontrer. Haussant un sourcil, le renardeau l’écoutait attentivement en se demandant pourquoi est-ce que tout le monde était pauvre dans ce pays, à croire qu’il avait déboulé dans un endroit en pleine crise.
« Et ben l’économie ne va pas fort bien ici. Mais si j’étais vous, je cesserais alors de peindre ; la peinture coûte cher à force d’en abuser, vous risqueriez de vous ruiner. Après je dis ça, je ne dis rien, mais bon… Vous faites avec de la peinture à huile, de la gouache ? »
Il laisse échapper un soupire et commence à marcher dans la direction par laquelle le voleur avait disparu. Avec un peu de chance ils arriveront à le trouver. Tant pis s’il n’avait pas d’argent : après tout il fallait se montrer de temps en temps généreux même s’il préfèrerait mendier quelque part d’autre. Peut-être aurait-il dû coopérer avec le voleur mais dans ce cas-là il aurait été du mauvais côté. Les mains dans les poches, il avançait doucement en attendant que les autres le rejoignent.
« Puis avec le Capitaine Foxy, vous n’avez rien à craindre : vous allez retrouver votre bien. »
Il se tourna ensuite vers le garçon dont le nom était inconnu. A cause de ses yeux vitreux il avait l’air mou, alors Jack se dit que peut-être il pourrait éventuellement « s’amuser » avec lui. Après tout c’est la première fois qu’il communique réellement avec des gens, sans demander de l’argent -enfin si, un peu quand même- ou de la nourriture pour ensuite se faire jeter.
« Moussaillon Blondine, nous allons devoir trouver un homme ayant dérobé un tableau. Notre cible devra être prêt à supporter la peine capitale s’il faut, d’accord ? »
Pauvre clown. Il semblait vivre uniquement de ces peintures. La perte de son tableau le chagriné réellement. Peut-être que d'une certaine façon, tu trouvais cela un peu tragique...Le pauvre grand clown triste. Alors tu pris la sage décision de...Réellement l'aider. Même si tu ne connaissais rien, autant encore faire ce que tu faisais le mieux : aider les autres.
- Je vais voir ce que je pourrais faire. Clown triste...
Déclaras-tu, avant que l'autre enfant décide réellement d'imiter une sorte de pirate. Ah l'imagination des enfants... Tu te souviens des quelques livres que tu avais lu, ou ils mentionner des êtres cruels, qui jeter par-dessus bord les traîtres.
Mais un pirate possède toujours un bateau. Et lui, n'en avais pas. Tu t'amuseras sûrement à en dessiner un en version miniature, afin de le renforcer dans son idée d'être un pirate. Même si cela devait être un tant soi peu étrange de voir un dessin prendre apparence réelle. Pour le moment...Tu préfères éviter, le temps que tu ne comprends pas tout.
- Allen. Pas Blondine.
Ni Alice de préférence. Le chat au grand sourire malsain n'avais cesser de te nommer ainsi tout le long. Encore, aujourd'hui, tu ne comprenais pas la fixation sur le fait qu'on te surnomme par un prénom féminin.
D'ailleurs, après cette petite rectification, tu décidas de te prendre au jeu imaginaire de l'autre enfant. Est-ce que le clown prendra un rôle aussi ? Ou restera-t-il spectateur de vos actes? Tu essayas d'afficher un sourire.
- Mon capitaine! J'ai un trou de mémoire, en parlant de peine capitale...A quoi faites-vous allusion? Nous n'avons ni bateau, ni planche..ni requin.
Et si au lieu de poser des questions étranges, tu te concentrais un peu plus? Tu essayas alors de prendre les devants, allant devant le "capitaine Foxy", afin de chercher une silhouette avec un tableau.
De triomphantes trompettes sonnèrent dans la tête de Yuga qui, une main sur le front et ses yeux faussement larmoyants en direction de ses interlocuteurs, ne pouvait s'empêchait de sourire intérieurement. Oui, voilà bien la réaction qu'il attendait. Que de sales marmots le vénèrent au point de vouloir l'aider de façon désintéressé. OUI ! Là était sa cruelle mais si singulière technique de manipulation mentale ! Oh il riait aux éclats, persuadé que la technique offerte par Axem faisait effet, et bien loin de comprendre quelque chose d'aussi simple que la gentillesse dont faisaient en réalité preuve les deux enfants. Mais qu'importe... le résultat était là. Mais pourquoi ces deux idiots lui taillaient-ils la bavette ? A lui parler de gouache, et de bateau pirate. Yuga tapa du pied. Il voulait son tableau, peu importe la manière dont il fallait procéder !
- Ça suffit les discussions stupides ! Vous pensez vraiment que j'ai du temps à perdre avec...
Son regard croisa celui des enfants. Il cligna rapidement des yeux, deux fois. Un silence mortuaire s'installa dans la rue, laissant que le bruit des voitures qui passaient le combler, puis toussa avec une impulsion assez forte pour lui fêler la cage thoracique, se reprenant :
- Euh. Je voulais dire... qui veut jouer aux pirates et retrouver le trésor de monsieur le clown ?
Il prit le cahier d'Allen en murmurant d'une voix aussi rapide qu'inaudible "donne moi ça, sale marmot" et déchira une page, prenant un crayon et dessinant des bandeau pirates et des chapeaux qui se matérialisèrent, sans se douter un instant qu'Allen possédait les mêmes pouvoirs. Il les colla sur le crâne et le visage de ses compagnons avec assez de brutalité pour que les bandeaux claquent et souleva son sceptre en levant bien haut sa jambe droite :